Nous nous sommes donc rencontrées autour de cette envie de faire, de créer, d’arriver à exprimer ce qui bouillonnait déjà à l’intérieur.
- Mais par où commencer ?
- Monter une pièce ?
- Oui mais laquelle ?
- Nous n’en avions aucune idée.
Au fur et à mesure de nos discussions, de nos inspirations mais aussi de nos vides, une idée a commencé à naître…
Peut-être qu’il fallait avoir le courage d’écrire ce que nous voulions dire.
Alors, autour d’une bière, d’un café nous commençons à explorer, à tester toutes les possibilités d’écriture.
On veut quelque chose qui parte de nous deux jeunes étudiantes, qui veulent se lancer dans le monde aussi beau que monstrueux du théâtre. Nous souhaitons transmettre au public notre enthousiasme, notre plaisir de commencer ce long processus qu’est la création.
Alors nous voilà : Garance et Jeanne plus que jamais décidées à mener ce projet qui nous lie, nous angoisse, nous rend joyeuse et nous motive au quotidien.
Musique et mouvement
Aux prémices de la création, nous sentions qu’il nous
faudrait laisser part au mouvement. Il semblait
primordial de laisser place aux corps, il était essentiel qu’ils expriment tout autant que les mots. Et qu’ils expriment avec intensité, qu’ils déchargent ! Cette création est donc une chorégraphie de l’esprit et du corps, avec la musique pour accompagnement, c’est un solide alliage. La musique qui de façon universelle entraine les corps à se mouvoir et à se libérer, la musique qui déjà occupe une place importante dans nos quotidiens, dans les moments de vies les plus intenses et euphoriques comme les plus calmes, la musique comme une consolation aussi. Alors aussi en musique nous dansons !
Texte d’auteurs et construction
Ce spectacle nous l’avons assemblé comme un puzzle dont on bouge sans arrêt les pièces jusqu’à trouver la juste combinaison. Au début, nous pensions nous appuyer sur des textes d’auteurs qui pourraient alors résonner avec nos questionnements, avec l’image que nous nous faisions du spectacle. Nous avons cherché, confrontés plusieurs textes pour qu’au final, n’en reste que deux. Ils étaient rassurants, ils ont agi comme de solides fondations à la construction.
Écrits personnels
S’autoriser, cela a été notre commencement. Extraire de nosquestionnements et désirs chaotiques une forme à modeler. Écrire, chacune de notre côté puis ensemble, dialoguer longtemps, souvent, échanger à partir de nos expériences propres. Puis faire commun pour ensuite continuer au plateau, à écrire, improviser, chanter, danser, pleurer, douter, continuer jusqu’à ce que, à force de temps, de travail apparaisse la forme de ce que nous voulons exprimer. Le résultat est un condensé explosif, révolté et joyeux de nos pulsions créatives. Un cabaret de curiosités théâtrale et vivant, par deux jeunes femmes qui s’inventent. Telle est la promesse !
"Tu me fais rire.
Ta main est en suspension, tu trembles un peu. Ce «tu» tu l’écris parce que ça te rassure, tu as peur de dire «je» et ce petit ricanement moqueur qui tourne en boucle dans ta tête. Silence, silence, silence. Je reste quelques secondes à phaser il faudrait lui fermer son clapet à cette petite voix sournoise, tais toi. Tais toi. Tais toi. Les mots se confondent je ne sais pas quoi leur faire dire. J’ai envie de bouger de là, de suivre un rythme fou, de danser n’importe comment, de courir, d’étirer jusqu’à ce que ça craque presque tout ça. Étirer mon corps encore et encore pour voir ce que ça fait. Mais tu fais quoi à écrire comme ça? Si tu penses que ça va te mener quelque part toutes ces phrases. Ta gueule. Arrête. »
"Et si ma place était là ?
Là, au coeur d’une création, sur une scène un soir de première, dans la fourmilière des coulisses ou sur un plateau vide, éclairé seulement par la servante. Je m’imagine dans une salle de répétition où l’air se sature d’adrénaline et d’idées. Le feu brûle, de plus en plus. Tout est en construction, tout est possible. Le temps, les mots, l’espace, le corps, la voix ne sont que des outils à modeler. Ce qui n’est pas possible, ne peut se dire ou se faire entendre dans la vraie vie le sera sur scène. Je choisi de faire du théâtre. »
Note de mise en scène
Le défi est de lier l’ensemble de la partition. L’espace de jeu est un espace de vie unique que nous voulons familier, propice à toutes les libertés. Au plateau peu de choses, quelques objets, traces éclectiques du passé, signes d’une maison de famille où deux amies se retrouveraient le temps d’un été. Tout se fait à vue, au plateau, avec le spectateur. L’espace est aussi poésie, une poésie un peu bordélique comme peuvent aussi l’être nos vies, parfois. La forme est pratiquement légère, elle peut facilement voyager, se transporter, car c’est cela que nous voulons, nous adapter, jouer partout, en tout lieu, aller à la rencontre et surtout mains dans les mains embarquer le public pour une expérience qui même si âpre parfois s’espère surtout joyeuse, tendre et énergique. Un élan de vivre !
Création originale de la Compagnie Anémone
Interprétation et mise en scène
Garance Loukine et Jeanne Lasbleis-Renouvel
Extraits musicaux
Contaminando de La Femme, Love in portofino, Paroles et Mourir sur scène de Dalida
Création musicale
Yu @yu_ling
Avec des textes issus
La Mouette de Anton Tchekhov
“L’écrivain souterrain” issu de Diablogues de Roland Dubillard
Dans les rapides de Maylis de Kerangal